Intervention de la fédération au congrès de Dijon

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Chers Amis,

C’est avec confraternité que je viens m’entretenir ici avec vous de la réforme des retraites et de ses impacts négatifs.
Tout d’abord, je tiens à exprimer la pleine solidarité des salariés de notre secteur avec tous les corps de métiers, et particulièrement ceux dont la pénibilité est connue, qu’elle soit reconnue ou pas, pour le moment.
Je viens devant vous pour vous alerter sur les impacts négatifs de cette réforme pour les salariés des métiers de la Banque, de l’Assurance et des Sociétés Financières.
Pour quelles raisons :

1- La pénibilité existe aussi chez nous : elle est silencieuse et insidieuse.

A priori, travailler dans un bureau ce n’est pas pénible, et ça ne le devrait pas.
Mais la pénibilité existe : ce n’est pas la pénibilité physique au sens « dur » tel que dans les secteurs de la construction, de l’industrie, de la sécurité, de la santé ou de l’éducation par exemple, néanmoins, elle existe.
Elle prend son poids dans la charge mentale alimentée par la pression managériale, commerciale, par les clients, les incivilités, les agressions ; autant d’éléments qui dégradent la santé mentale elle-même impactant la santé physique. Nos maladies professionnelles sont réelles : burn-out, dépressions, addictions… mais aussi troubles musculo-squelettiques (TMS), positions semi assises dans les accueils, chargement des distributeurs, manipulation des fonds, bunkers aveugles, locaux infestés d’amiante, ventilation inadaptée…
Nous évoluons dans un milieu où le Patronat se fait spécialiste de l’optimisation des coûts pour mieux servir les Marchés et les Actionnaires, ingénieurs de la suppression des postes, militants de la charge de travail, parangon du Coefficient d’exploitation…
Je vous vois sourire : vous pensez « mais eux ils ont du télétravail ! ». C’est vrai, grâce au télétravail, nos employeurs gagnent sur notre dos en moyenne 2H00/ jour de boulot non payé, font des économies en libérant des mètres carrés et font peser sur nos épaules l’essentiel des frais domestiques… tout ça en échange d’un PC portable… la belle affaire. Mes Amis, le vrai progrès bénéfique à tous dans le télétravail, c’est la diminution de notre empreinte carbone.
Nos entreprises vont-elles devenir des hôpitaux de jour ?
Il existe un SAS : l’invalidité sésame de sortie en retraite anticipée généreusement offert/maintenu par le Gouvernement. On voit déjà la montée en puissance des reconnaissances en invalidité catégorie 2 et les licenciements pour défaut de reclassement dans des groupes regroupant parfois des milliers de salariés … L’invalidité, cette malheureuse opportunité pour partir plus tôt, mais vers quoi : une pension diminuée, un appauvrissement de nos salariés ?

2- Le recul de l’âge de départ pénalise des salariés qui entrent tardivement dans la vie active eu égard à la durée de leurs études

La conséquence se paie nette pour la sortie en retraite pleine : plus tu étudieras, plus tu travailleras ; certes, mais plus tôt l’entreprise te catalogueras dans sa catégorie « séniors » (45 ans), plus tôt tu basculeras du côté obscur de sa force de travail. Nos employeurs n’ont jamais aimé les séniors, longtemps elles les faisaient partir dans le cadre de PSE pour généreusement passer le relais à l’assurance chômage.
Mais aujourd’hui, plus de PSE et peu de RCC (rupture conventionnelle collective) : alors que faire de nos collègues qui dès 50 ans n’ont plus d’opportunité d’évolution professionnelle ou salariale, plus de formation et donc l’absence de reconversion. Comment conserver le goût du travail et l’envie de transmettre les savoirs aux jeunes ?
Et quand bien même, si nos employeurs décidaient de recourir à la RCC pour balayer leurs séniors, quid de l’impact de ces futurs retraités qui iront grossir les rangs des demandeurs d’emploi et des allocataires de l’assurance chômage (encore elle !) ou du RSA ?
L’employeur libéré de ses « vieux », l’ex-salarié livré à l’impécuniosité et notre système social de répartition de nouveau mis à mal : SAUF que chers Amis, l’assurance chômage, le RSA, c’est Vous, c’est Nous tous !
Vous qui cotisez et qui malheureusement pour nombre souffrez plus de pénibilité et tout autant de discrimination liée à l’âge que nous les salariés de la Banque, de l’Assurance et des Sociétés Financières !

3- Nous évoluons dans un secteur où le travail n’est pas garanti jusqu’à l’obtention des trimestres requis

En effet, dans notre secteur les Séniors n’ont pas la côte vous l’avez compris : alors en cas d’arrêt prématuré du contrat de travail comment et où en retrouver ? Comment accepter une activité nouvelle et ou une activité moins payée ? Vous connaissez le problème : nos collègues aussi.
L’âge légal, l’âge pivot : du bla-bla de technocrates qui vraisemblablement ne connaissent ni la fatigue, la vieillesse, encore moins l’inflation du passage en caisse au supermarché, mais tiennent bien les cordons de leur Bourse (de Paris) : « Faisons-les travailler plus, ils nous couteront moins, si ces Idiots veulent se la couler douce avant leurs 43/44 annuités et leurs 64 balais on les décote ».

4- Le taux de féminisation est fort : nos collègues salariées femmes sont déjà pénalisées financièrement avant la retraite, l’écart va augmenter d’autant plus pour celles qui ont eu un enfant à la fin de leur carrière

Si en plus d’être en position semi-debout toute la journée pendant des années, que vous avez eu 1/2 burn-out en cours de carrière et que vous êtes une femme, à temps partiel, qui en plus a eu des enfants … c’est le Jackpot ! Les Femmes sont majoritaires dans nos métiers, (sauf dans les Conseils d’Administration et dans les COMEX , chuttt ! ) qui plus est, majoritaires à travailler à temps partiel, alors même si la Copine Génisson a fait du mieux qu’elle pouvait en son temps, force est de constater que notre secteur est au podium des mauvais élèves : moins bien payées que leurs collègues masculins, les femmes bénéficiaient déjà d’une pension de retraite déclassée et devaient travailler en moyenne près d’une année de plus. Avec la réforme, quand elles sont mère ce sera pire… elles partiront plus âgées, pas mieux payées, bien plus précarisées

Alors face à ces quelques constats ; quels sont nos leviers ?

A- Maintenir l’employabilité ? Quels moyens incitatifs apportés/le Gouvernement ?
B- Accompagner la retraite progressive ?
C- Renforcer les moyens des Services de Prévention de Santé au Travail ?
D- Lutter contre les inégalités salariales, professionnelles et post-professionnelles ?

Sur chacun de ces leviers on peut se demander quels sont les moyens incitatifs, sur nos entreprises, proposés par le Gouvernement ? Nada.
Notre exposé serait incomplet si nous ne signalions pas le silence assourdissant des syndicats d’employeurs ! d’un côté, publiquement ils affirment s’engager sur l’emploi des séniors (surtout si c’est subventionné) et dans leurs entreprises, ils « dégagent » à tour de bras ces salariés pour qu’ils soient pris en charge par l’assurance chômage, les caisses d’invalidités voire le RSA.

Alors, Nous, Tous ensemble, à l’UNSA, nous poursuivrons les mobilisations avec de belles propositions.
Voilà pourquoi nous sommes fiers d’être à l’UNSA !

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